José Natividad Ic Xec, « La Femme sans tête et autres histoires mayas »

18 Mai 2014

IcXecLaFemmeSansTeteCouvRéférence : José Natividad Ic Xec, La Femme sans tête et autres histoires mayas, traduit, annoté et postfacé par Nicole Genaille, Paris, éditions Rue d’Ulm, collection « Versions françaises », 2013. (Première édition : La Mujer sin cabeza y otras historias mayas, Mérida, Yucatán (Mexique), décembre 2012.)

Quatrième de couverture de l’éditeur

«Une femme qui tue les enfants d’un simple regard ; une poupée d’argile qui, au soir, part en emportant la voix d’une petite fille ; une tête qui parcourt les rues du Mayab en faisant fuir les passants ; un homme métamorphosé en animal nocturne chassé par les paysans — tels sont quelques-uns des contes et récits mayas que contient ce recueil. José le y retrouve la figure mythique du wáay, le sorcier déjà figuré sur les vases antiques, qui possède la faculté de se transformer en animal ; il présente le visage authentique de la Xtáabay, chantée par Antonio Mediz Bolio, une figure féminine que connaissent bien les campagnards ; il évoque les guérisseurs de morsures de vipère, précieux héritiers d’un savoir de plusieurs siècles. Une illustration originale vient accentuer le caractère de témoignage vécu de ces textes qui font comprendre de l’intérieur une culture toujours bien vivante, pour autant que l’homme moderne sache la «lire» dans le monde qui l’entoure et la respecter.

José Natividad Ic Xec est né en 1963 au sud du Yucatán de parents parlant maya. C’est avant l’espagnol que José Natividad le Xec a appris la langue de ses ancêtres. Après des études supérieures à Mérida, capitale de l’État, en philosophie puis en sciences de l’éducation, il a été journaliste pendant seize ans au Diario de Yucatán. Il dirige depuis janvier 2012 le projet éditorial El Chilam Balam, dans lequel il donne voix aux Mayas d’hier et d’aujourd’hui.

Professeur agrégée honoraire de lettres classiques en CPGE, longtemps chargée de cours à l’ENS, Nicole Genaille est une spécialiste reconnue des cultes isiaques. Elle se consacre désormais à l’étude de la langue et de la civilisation mayas, à l’époque classique et à l’époque actuelle.»

Les Mayas aujourd’hui

Après avoir terminé la lecture de ce livre, quand j’ai retrouvé des amis avec qui je parle souvent de bouquins, j’ai expliqué que je venais de lire un recueil d’histoires et d’anecdotes sur le quotidien des Mayas d’aujourd’hui. Ce à quoi plusieurs m’ont avoué : « Je ne savais même pas qu’il en restait, des Mayas. »

Il y a des pays ou des peuples qui peuvent devenir victimes de leur passé et des stéréotypes que ce passé a fourrés dans la tête des gens – et quand je dis victimes, il faut parfois entendre le mot au sens littéral du terme. Exercice de capture d’idées reçues : mettez par écrit ce à quoi vous pensez quand vous lisez le nom « Mayas ». En vrac : Amérique du Sud, plumes, pyramides, sacrifices humains, ressemblent-aux-Aztèques-et-on-n’est-pas-sûrs-de-la-différence-entre-les-deux, découverte de l’Amérique, conquêtes espagnoles, massacre des indigènes précolombiens par les conquistadores. Si vous orientez le projecteur du côté de l’actualité, vous ajouterez probablement à la liste le calendrier maya et la « prophétie » d’une prétendue fin du monde prévue pour le 21 décembre 2012, prophétie inventée par des illuminés férus d’ésotérisme (ils auraient dû plutôt être férus d’histoire, ça leur aurait évité de raconter autant de bêtises) et relayée avec une remarquable stupidité par la partie la moins scrupuleuse des médias français.

Parmi ces idées reçues, il y en a donc une selon laquelle les Mayas auraient été vaincus par les conquérants venus d’Europe, ce qui est vrai… mais la même idée reçue fait oublier un peu vite que les Mayas n’ont pas été complètement massacrés, loin de là. Et que, donc, oui, « il en reste ». Non seulement il en reste, mais ils continuent à lutter pour faire entendre leur voix et reconnaître leurs intérêts depuis que des types se sont installés dans leur région et se sont amusés à y tracer des frontières en faisant comme chez eux. Il serait bon que leur existence et leur culture soient mieux connues, car il est absurde et injuste qu’un peuple se trouve ainsi privé de voix par de pareils clichés pendant que des croyances stupides sur la fin du monde, elles, ont été bénéficié d’une diffusion excessive et imméritée (*).

Dans La Femme sans tête et autres histoires mayas, il est question non pas des grands mythes fondateurs mayas, ni des Mayas précolombiens ou de ceux de la période coloniale, mais bien des croyances des Mayas d’aujourd’hui. Ceux dont il est question dans le livre vivent dans le Yucatán, l’un des États du Mexique, entre le Golfe du Mexique et l’île de Cuba ; ils parlent parfois encore le maya en plus de l’espagnol ; ils croient en des divinités dont certaines dérivent directement des divinités mayas classiques, mais aussi à d’autres esprits ou forces surnaturelles ; et ils ont plus généralement un rapport au monde qui leur est propre.

Structure du livre

Ce petit livre (18 cm de haut, 14 cm de large) est à la fois très accessible et très difficile à comprendre en profondeur. Il est très accessible parce que ses courts chapitres (2-3 pages en moyenne) se lisent ou plutôt se dévorent très vite, avec ce charme particulier des livres aux chapitres courts qui est qu’on peut facilement se dire « Je n’en lis qu’un » puis commencer à en grignoter en deuxième en se disant « Allez, juste le début », puis lire le deuxième en entier, en commencer un troisième, etc. Et surtout il est très accessible parce que les histoires qu’il raconte, écrites dans un style limpide, ont la simplicité de contes ou de croyances folkloriques. Mais dans le même temps, c’est un livre très difficile à comprendre en profondeur, précisément parce qu’il réussit très bien ce qu’il se propose, à savoir vous plonger dans la vie quotidienne et la vision du monde des Mayas actuels, qui n’a rien à voir avec ce qu’on peut connaître en Europe, du moins à première vue.

José Ic présente parfois dans le livre des récits racontés par des amis ou des proches (notamment ses parents). Sa démarche n’est pas savante mais, au départ, journalistique : les histoires ont été publiées dans le Diario de Yucatán. La traductrice, Nicole Genaille, ne cache pas son enthousiasme envers ce livre qu’elle a découvert par l’intermédiaire du site El Chilam Balam administré par l’auteur ; mais cela n’entame pas sa rigueur d’universitaire au moment d’annoter et de postfacer le livre.

L’ouvrage est paru aux éditions de la rue d’Ulm, qui sont les presses de l’École normale supérieure de Paris ; la collection « Versions françaises » a pour but de rendre disponibles en français des textes inconnus, inédits ou devenus introuvables car pas ou mal édités. Il n’est pas inintéressant de noter que Nicole Genaille est de formation classique : professeure de Lettres classiques (c’est-à-dire enseignant le français, le latin et le grec), elle a été enseignante en CPGE (classes préparatoires aux grandes écoles) et chargée de cours à l’ENS, et elle s’est d’abord spécialisée dans les cultes isiaques, c’est-à-dire des cultes de divinités égyptiennes antiques (Isis, Sarapis, Anubis, etc.) qui se sont diffusés assez tôt dans le monde gréco-romain, avant de s’intéresser à la culture maya.

Si je serais bien incapable de juger la traduction, il n’y a rien à redire aux notes et à la postface, qui replacent bien le livre dans son contexte et expliquent précisément les nombreuses réalités mexicaines et mayas inaccessibles à un lectorat novice. Les quelques éléments qui pourraient rester un peu obscurs à la lecture (ce qu’est une « milpa », par exemple : en très gros, une sorte de petite ferme) sont détaillés avec clarté dans la postface passionnante qu’il faut absolument lire aussi (de préférence après les histoires elles-mêmes, mais on peut aussi la consulter pendant leur lecture). Une rapide annexe explique comment lire la transcription du maya utilisée dans l’ouvrage (transcription qui n’a été fixée qu’en 1984, ce qui est très récent quand on y pense), et une bibliographie universitaire fournit toutes sortes de pistes complétant les références fournies dans les notes ; deux cartes montrant l’emplacement du Yucatán et la géographie de cet État terminent le livre.

Un autre élément notable et appréciable du livre, ce sont ses nombreuses illustrations, reproductions d’œuvres d’art ou photos prises par l’auteur dans la région qu’il évoque. Elles achèvent d’ancrer les histoires dans le Mexique contemporain et donnent des visages à certains des Mayas auprès de qui l’auteur est allé recueillir récits et anecdotes.

Une invitation à la rencontre entre les peuples

Cette clarté du texte et ce soin apporté à son édition savante rendent possibles plusieurs niveaux de lecture.

On peut se contenter de découvrir ces croyances, ces divinités, ces esprits, ces pratiques relevant à moitié du savoir artisanal ancestral et à moitié de la pratique magique, comme autant de merveilles formant un ensemble cohérent, tour à tour étonnant, charmant ou inquiétant, rassemblé là par l’auteur, un peu comme on pourrait lire La Grande Encyclopédie des Elfes de Pierre Dubois, sans chercher à établir un lien avec la vie et la sociétés réelles. Mais si les livres de Pierre Dubois se prêtent à peu près à ce type de lecture détachée de tout contexte (encore que), le livre de José Ic est tout entier conçu comme une invitation à une prise de contact de plein pied entre les Mayas d’aujourd’hui, vivant dans le Mexique d’aujourd’hui, et un vaste lectorat, hispanophone et désormais aussi francophone.

Il est donc possible aussi de lire ce livre en s’intéressant (voire en se passionnant, car il y a de quoi) pour le contexte de ces histoires et de ces croyances, en s’aidant des notes et de la postface. Mais même en lisant le livre de cette façon, il resterait possible (justement à cause de la distance procurée par l’invincible armada des notes et des références bibliographiques) de ne voir les Mayas que comme pur objet d’étude, comme une sorte de phénomène exotique dont on essaie d’expliquer l’étrangeté en dégainant l’anthropologue de service.

Ce serait oublier que l’un des buts de José Ic dans La Femme sans tête est précisément de donner la parole à ces Mayas d’aujourd’hui dont il fait partie. Dès lors qu’on prend en compte pleinement l’existence des Mayas et de leur culture dans le monde présent, on peut se poser la question difficile et passionnante de savoir quels contacts, quelles relations avoir avec eux. Le livre devient alors le vecteur de cette rencontre qu’on a tort de s’imaginer improbable, car après tout nous vivons tous sur la même planète, dépendants des mêmes aléas climatiques, et nous avons mêmes droits et mêmes devoirs quand il s’agit d’inventer un avenir qui ne peut être qu’un avenir commun. Par livre interposé, vous rencontrez des Mayas du Yucatán : qu’allez-vous vous dire ?

C’est peu dire que de reconnaître qu’une telle confrontation est déroutante. Il est facile de lire de beaux mythes rassemblés dans des dictionnaires ou des recueils de « mythes et légendes », surtout quand on a affaire aux mythologies antiques, dont on oublie souvent qu’elles s’enracinaient dans des religions elles-mêmes présentes au quotidien dans la vie des Grecs, des Romains, et avant eux des Étrusques, des Hittites, des Égyptiens, des Sumériens, etc. C’est déjà une autre affaire que d’étudier en profondeur ces peuples antiques en se creusant la tête pour essayer de savoir à quoi cela pouvait ressembler de vivre à ces époques, dans des sociétés pareilles, et de croire (ou non, ou à demi, ou tantôt plus et tantôt moins selon les contextes) à ces divinités et à ces mythes. Mais c’est sans aucun doute encore plus difficile de rencontrer des humains venus d’aussi loin et appartenant à une culture aussi différente. Il est évident qu’on s’expose à toutes sortes de préjugés et de malentendus de part et d’autre.

Car dès lors qu’on cesse de lire ces histoires comme de jolis contes un peu poétiques, on est bien obligé de se demander ce qu’on pense de leur vérité, que les informateurs de José Ic affirment. Est-il vrai que la femme de ce paysan était une wáay, une sorcière capable de métamorphoses, et que sa tête détachée du reste du corps voyageait tranquillement pendant la nuit ? Est-il vrai que les forêts sont peuplées d’alux, génies ambivalents susceptibles de nuire aux voyageurs ou aux enfants irrespectueux ? Que penser de ces jmeen, ces guérisseurs traditionnels qui, dans certains cas, réussissent bel et bien à mieux soigner les morsures de certaines espèces de serpents locales que les hôpitaux voisins peinent à traiter ?

Une affaire de croyances

En réalité, ces questions peuvent se résumer à deux : les Mayas croient-ils vraiment à ces histoires ? Et que diable en penser après les avoir lues ? Se poser ces questions, c’est risquer de tomber dans les clichés habituels du type « Nous, Français/Européens/Occidentaux, avons un esprit rationnel, etc. tandis qu’eux, etc. » Mouais. On peut voir les choses avec plus de nuance.

Les Mayas croient-ils vraiment à leurs hisoires de femmes sans tête ? En 1983, Paul Veyne, helléniste, avait consacré un livre à la question : Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? Question bien plus épineuse qu’elle ne le paraît, car dès qu’on entre un peu dans le détail, il devient impossible d’opposer frontalement croyance et non croyance. José Natividad Ic Xec en donne lui-même l’exemple dans une certaine mesure : il compare avec humour les  wáay avec les loups-garous de l’imaginaire européen et les mages de Harry Potter, sous-entendant que tout cela relève tout de même en partie de la fiction ; mais il considère comme bien réelles les compétences des guérisseurs jmeen et a souvent des doutes, dans un sens ou dans l’autre, au moment de conclure après avoir raconté telle ou telle anecdote à composante surnaturelle. En un mot, il y a moyen de faire la part des choses. Paul Veyne, lui, pour évoquer les mythes grecs, parlait de « régimes de vérité » et, en citant Dan Sperber, donnait pour exemple la conduite des paysans dorzé d’Éthiopie, dont la tradition affirme que le léopard est un animal chrétien pratiquant le jeûne le mercredi et le vendredi, mais, qui, d’un autre côté, surveillent leurs troupeaux sans faute sept jours sur sept.

De telles contradictions sont plus répandues qu’on ne pense, quel que soit l’endroit ou l’époque concernés. Tel Français qui se dit athée accumulera les blagues anticléricales, tournera en ridicule les épisodes merveilleux de la Bible comme la Genèse ou le Déluge, mais restera silencieux en visitant une église, allumera un cierge de temps en temps, acceptera de chanter les réponses pendant la messe d’un mariage catholique parce que ce sont des amis qui se marient, etc. En un mot, la croyance ou la foi sont une affaire complexe qu’on ne peut résoudre par une simple opposition « oui/non ». Même en mettant à part les religions, les entorses à la prétendue rationalité « occidentale » ou même « française » sont légions : ésotérisme, OVNI, sectes, ou plus largement légendes urbaines, horoscopes qu’on lit pour en rire mais qu’on lit quand même, rêveries au réveil sur le sens d’un rêve fait dans la nuit, doutes devant une coïncidence ou un sentiment de déjà-vu, etc.  On a beau chasser la pensée magique par la grande porte à coups de pieds au postérieur devant les caméras, elle a vite fait de revenir subrepticement par la fenêtre dès la cérémonie terminée.

Sans doute Voltaire, Fénelon ou Diderot auraient-ils ri de cette Femme sans tête en rejetant ces anecdotes du côté de la superstition et de l’obscurantisme. Victor Hugo, Charles Nodier ou bien Georges Sand, que Nicole Genaille mentionne en terminant sa postface (p. 125), leur auraient réservé un accueil déjà plus compréhensif. Non qu’il faille renoncer à la rationalité et emboîter le pas aux pires peurs de ce rude quotidien qui est celui des paysans mayas actuels, ou bien parer la culture maya de je ne sais quel rayonnement supérieur comme le font les ésotéristes (qui ne lisent pas plus le maya que le grand public). Mais il me semble qu’il y a moyen de réagir plus subtilement. Si, sur le plan scientifique, le scepticisme est de mise devant ces récits de phénomènes surnaturels, il faut se méfier et ne pas se draper à outrance dans ce scepticisme pour justifier un rejet plus général de la culture maya qui, lui, serait injustifiable. D’une part parce que les Mayas ont les mêmes droits humains que nous et le même droit à l’autodétermination que n’importe quel autre peuple. Et d’autre part, parce que la culture maya ne se résume pas à des anecdotes surnaturelles : elle comprend aussi une réelle connaissance de son environnement naturel, des savoirs-faire artisanaux, une philosophie, un humour doux-amer dont l’auteur donne une idée dans ses histoires… sans oublier un savoir astronomique avancé dès la période précolombienne.

Dans sa postface, Nicole Genaille revient sur la prétendue prophétie de fin du monde attribuée aux Mayas à propos du 21 décembre 2012. Aux pages 121 à 123, elle explique par le menu la réelle signification des dates inscrites sur la pierre dite « pierre du Soleil » qui a été l’objet de toutes sortes d’interprétations fantaisistes de la part d’illuminés. Le passage du calendrier maya au 13e baktún n’a jamais été censé signifier la fin du monde, mais simplement le passage à un nouveau cycle, autrement dit quelque chose de ni plus ni moins effrayant que le passage de l’an 1999 à l’an 2000, par exemple. Les vrais Mayas, loin de s’en effrayer, ont fêté la date en la parant des mêmes espoirs en l’avenir que d’autres ont placés dans le passage au 21e siècle ou au troisième millénaire. Les explications de Genaille sur le calendrier maya sont aussi l’occasion pour elle de rappeler à quel point ce système permettait aux Mayas de se projeter loin dans le temps. En somme, on gagne à considérer une culture dans son ensemble, sans la résumer à ce qui en paraît le plus déroutant…

D’autres lectures

Sur la mythologie maya précolombienne, vous pouvez consulter pour commencer la bibliographie du livre, qui donne des références solides, notamment des éditions de référence du Popol Vuh, le livre relatant la cosmogonie des Mayas k’iche (nom d’ethnie à prononcer « quiché »). Une référence donnée par Genaille en première approche est un livre de Karl Taube, Mythes aztèques et mayas, traduit de l’anglais par Ch. Clerc, édité à Paris au Seuil dans la collection « Points Sagesse » en 1995. L’édition complète du Popol Vuh qu’elle recommande est en anglais : Allen J. Christenson, Popol Vuh. Literal Poetic Version, Translation and Transcription, Norman, University of Oklahoma Press, 2008.

De mon côté, je connaissais une édition en français du Popol Vuh qui est : Popol Vuh. Le Livre de la communauté. Texte sacré des Mayas Quichés, traduit et commenté par Pierre DesRuisseaux en collaboration avec Daisy Amaya, Paris, Le Castor astral, collection « Les Inattendus », 2011. Je ne l’ai pour le moment que feuilletée, mais l’édition semble sérieuse, orientée cependant vers le grand public (l’introduction replace le livre dans son contexte, justifie les choix de l’édition et fournit des références bibliographiques pour approfondir ; il y a un lexique en début de livre ; mais l’appareil de notes est réduit).

Sur les Mayas actuels, vous pouvez (si vous lisez l’espagnol) aller lire le site du projet de José Ic Xec, El Chilam Balam (« le jaguar prophète », allusion à un personnage d’un codex du même nom), qui est un site d’actualité et de culture sur les Mayas du Yucatán. Le site contient aussi des ressources pour apprendre le maya.

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(*) Un autre exemple me vient en tête à propos de ces peuples littéralement dissimulés par leur propre passé. Tout le monde connaît la Grèce antique : la mythologie, Homère, Platon, Aristote, Archimède, mais peu d’auteurs grecs ayant vécu après l’Antiquité ont le privilège de jouir d’une telle célébrité. Cela s’explique facilement par les détours tortueux de l’Histoire et de la postérité, mais cela peut avoir des conséquences pernicieuses. Au moment des démêlés de la Grèce avec le FMI, si l’influence culturelle de la Grèce actuelle dans le monde avait été le dixième de ce qu’est encore l’influence de la Grèce antique, n’y aurait-il pas eu beaucoup plus de gens pour s’émouvoir des absurdités consternantes auxquelles ont conduites les mesures économiques prises envers ce pays ? Si les films grecs actuels avaient bénéficié d’une publicité équivalente à celles qui ont accompagné la sortie de films comme Troie, 300 ou le remake du Choc des titans, les protestations n’auraient-elles pas été plus insistantes ? Et la profération de clichés relevant des stéréotypes nationaux les plus caricaturaux (« les Grecs ne savent pas payer leurs impôts, les Grecs sont paresseux ») n’aurait-elle pas soulevé davantage d’indignation ?