Tehanetorens (Ray Fadden), « Légendes iroquoises »

14 février 2022

Référence : Tehanetorens (Ray Fadden), Légendes iroquoises, traduit de l’anglais par Berthe Fouchier-Axelsen, avec des illustrations de John Kahionhes Fadden, Montréal (Québec), Alias, collection « Alias poche », 2020 (édition originale : Legends of the Iroquois, Book Club Co., 1998).

Quatrième de couverture de l’éditeur

« À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les Iroquois, anticipant leur totale disparition dans le grand courant nord-américain, se mirent à recueillir les récits de leur peuple. Mais avant que Ray Fadden commence son travail vers 1930, aucun véritable effort continu n’avait été fait pour connaître les légendes et les traditions iroquoises qui feraient comprendre aux jeunes générations les us et coutumes de leurs ancêtres. Le présent ouvrage offre une sélection significative des récits recueillis auprès de son peuple par Fadden dans les années 1930 et 1940. Il s’agit d’une merveilleuse occasion pour le lectorat contemporain de découvrir une riche partie de l’imaginaire de la nation iroquoienne.

Berthe Fouchier-Axelsen nous restitue ici ces légendes dans leur puissante simplicité, alors que Nadine N. Jennings, dans son avant-propos, les replace dans le contexte de l’époque en rappelant l’histoire de la Confédération iroquoise.

Le livre est magnifiquement illustré par John Kahionhes Fadden. »

Mon avis

Voici un petit livre qui m’a donné l’impression de rencontrer un peuple. En France, peu de gens ignorent le nom des Iroquois, qui comptent parmi les peuples nord-amérindiens les plus célèbres. Combien, cependant, ne les connaissent que par les images d’Epinal massivement diffusées par les westerns sous diverses formes, films, BD ou vieux romans d’aventure et mélangent allègrement les unes avec les autres les peuples des diverses régions des Etats-Unis et du Canada, Apaches, Cheyennes, Sioux et quelques autres, en laissant dans l’ombre une réalité infiniment plus riche et diverse ? Trop souvent, quand on s’intéresse au sort de ces Amérindiens, on évoque leur génocide par les colons européens (peut-être plus facilement de ce côté-ci de l’Atlantique), mais on oublie de préciser qu’une partie d’entre eux a survécu, de même que leur culture. Commémorer les morts en oubliant de mentionner les survivants, c’est enterrer ces derniers à l’avance, ce qui n’est pas beaucoup mieux.

Autant amateur de contes, de légendes et de mythes à l’âge adulte que je l’étais enfant, j’ai gardé l’habitude de découvrir peu à peu, par ce biais, des cultures des quatre coins du monde. C’est de cette manière que j’ai craqué pour ce recueil, à la Librairie du Québec, à Paris, où j’avais trouvé quelques mois plus tôt Kamik (Chasseur au harpon), de l’écrivain inuit Markoosie Patsauq, dont j’ai parlé dans un autre billet.

Ces Légendes iroquoises forment un recueil très court : 120 pages au format poche, écrit gros, avec des illustrations. Et pourtant ! Dans ces pages, on trouve tout ce qu’il faut pour découvrir non seulement les légendes iroquoises, mais aussi l’histoire et la culture de ce peuple et de ses six tribus, ainsi que l’auteur, Tehanetorens (Ray Fadden de son nom canadien), figure majeure de la préservation et de la transmission de la culture iroquoise.

Qu’on en juge. Après une brève préface à l’édition française par l’illustrateur (le livre est d’abord paru en anglais en 1998) vient un avant-propos de Nadine N. Jennings, docteure en études anglaises et professeure adjointe au Suny Canton College of Technology, dans l’Etat de New York. En trois ou quatre pages, Jennings présente l’histoire et la culture des Iroquois, qui se nomment eux-mêmes les Haudenosaunee, Ceux de la maison longue, du nom des bâtiments où ils vivent et dont elle présente l’organisation matérielle et politique, marquée par l’union de cinq tribus (auxquelles se joint une sixième en 1715) à l’instigation du pacificateur Dekanawidah. Elle évoque brièvement le système d’écriture iroquois, les pictogrammes, que le chapitre suivant, « Clefs pour les pictogrammes des Six-Nations », présente plus en détail, de leurs conditions matérielles d’écriture (par exemple directement sur les arbres, ou sur des objets d’écorce, ou encore sur les ceintures appelées « wampums ») jusqu’à leur sens et leur symbolique. Claire, concis, ce passionnant chapitre ainsi que les deux suivants (« Symboles des Six-Nations » et « Les clans des Six-Nations ») sont illustrés de nombreux exemples de pictogrammes avec l’histoire de leur reconstitution.

Un poème en prose est placé en tête des légendes : « La conservation de la nature telle que l’Indien la voyait ». D’une actualité brûlante, il met en avant les dégâts causés par la colonisation européenne aux écosystèmes de l’Amérique du Nord et la nécessité pour « l’homme blanc » de renoncer à l’avidité et au gaspillage dénoncés par le Grand Esprit, afin de changer de mode de vie pour préserver la vie autour de lui. Un second texte en prose poétique, « Souvenirs », clôt le volume et répond au premier, puisque les souvenirs qu’il évoque de manière vivace montrent une attention constante portée aux paysages, aux arbres et aux animaux autres que les humains.

Commencent alors les légendes à proprement parler. La plupart sont à vocation étiologique, c’est-à-dire qu’elles expliquent l’apparition d’une réalité qui existe toujours aujourd’hui : la médecine (« Le don du Grand Esprit »), la maîtrise du feu (« Une tradition : la découverte du feu »), l’invention de l’arc (« L’invention de l’arc et de la flèche »), l’origine d’une constellation (« L’histoire de la Grande Ourse », « Les sept danseurs ») et même l’apparition des moustiques actuels (« Pourquoi nous avons des moustiques »). Les premières légendes montrent également des divinités apparemment centrales dans la culture iroquoise, comme le Sat-kon-se-ri-io, aussi appelé le Grand Esprit, et l’Enfant-tonnerre (dont la légende du même nom relate la naissance et le destin), ou encore l’ancêtre des Iroquois (« Sa-go-ia-na-wa-sai, notre aïeul »).

Les autres légendes donnent une large place aux récits de chasse surnaturelle, un quotidien âpre où les humains n’ont pas toujours le dessus sur les animaux ou créatures rencontrées. Ainsi, dans « La tête volante », un malheureux chasseur tombe sur une entité apparemment invulnérable. Plusieurs récits mettent en oeuvre le motif du changement de taille, et il est difficile de ne pas penser à Alice au pays des merveilles ou aux Voyages de Gulliver en les lisant (tout particulièrement dans « La bête féroce »). D’autres récits mettent en scène des animaux locaux, lors de rencontres rares et privilégiées avec des humains (« La danse des lapins ») ou dans leur vie entre bêtes (« Le chant de la grive solitaire »).

Ces récits sont courts, voire très courts (certains dépassent à peine deux pages), et illustrés par John Fadden, dont les crayonnés soignés, détaillés et très évocateurs contribuent pleinement à nous immerger dans l’univers de ces légendes en donnant à voir l’apparence des personnages et des créatures, les vêtements, les coiffures, l’équipement des chasseurs.

Le chapitre final, d’une quinzaine de pages, est consacré à la vie et à l’oeuvre de l’auteur, Tehanetorens, Ray Fadden de son nom d’état civil fédéral. Durant un XXe siècle qui voit les Iroquois en butte à des Etats déterminés à les « civiliser » (comprendre : à faire disparaître leur culture dans une éducation uniquement « états-unienne »), Tehanetorens entreprend, avec une persévérance remarquable et salutaire, de recueillir, de préserver et de transmettre la culture iroquoise. Il poursuit cette tâche dans les années 1930-1940 et jusqu’à sa mort (survenue en 2008, selon sa notice sur le catalogue de la Bibliothèque nationale de France).

Deux choses m’ont frappé à la lecture. La première est la persistance d’une logique de génocide du peuple iroquois et d’effacement délibéré et systématique de la culture iroquoise de la part des Etats à des époques très récentes, bien après la Deuxième guerre mondiale. Ce sont des crimes qu’il faut faire connaître, faire reconnaître aux Etats, et pour lesquels il faut rendre justice aux Iroquois et aux autres peuples concernés, si nous voulons définitivement tourner la page de la colonisation et entrer pleinement dans une ère démocratique.

La deuxième chose qui m’a frappé est la manière privilégiée par Tehanetorens pour sauver la culture iroquoise. Des folkloristes européens se seraient contentés de tout recueillir par écrit, dans des recueils de contes, des lexiques et des grammaires de langues menacées de disparition, comme cela s’est beaucoup fait en Europe et en France, dans nos régions, aux XIXe et XXe siècles. Tehanetorens, lui, ne semble pas avoir publié beaucoup de livres. Il a privilégié la mise en place d’une organisation (l’Akwesasne Mohawk Counselor Organization) et de structures vivantes, propres à organiser une transmission du savoir entre les générations, par la mise en contact des jeunes avec leurs aînés et des tribus entre elles. Ainsi son travail a donné naissance au Musée amérindien des Six-Nations (Six Nations Indian Museum), à Onchiota, en 1954, et ses écrits les plus nombreux ne sont pas des livres mais du matériel pédagogique, livrets, cartes, fresques murales. Cela s’explique en partie par l’urgence, à l’époque, de résister à la politique de scolarisation et d’éducation forcée « à l’américaine » que le gouvernement de New York tente d’imposer avant de renoncer devant la résistance de la population iroquoise.

Sans l’action de gens comme Tehanetorens, les jeunes Iroquois, séparés de leurs parents, auraient été entièrement élevés dans la culture dominante des colons et n’auraient jamais eu accès à leur culture natale, qui aurait entièrement disparu. Au lieu de cela, cette culture a survécu et reprend doucement du poil de la bête. Mais l’attitude des gouvernements successifs, tant au Canada qu’aux Etats-Unis, demeure changeante et trop ambiguë, marquée par un déni persistant. A ceux qui trouvent à redire aux études décoloniales, et qui prétendent que ce type de démarche revient à remuer inutilement ce qui ne serait que de mauvais souvenirs bien révolus aujourd’hui, il est important de faire comprendre que la colonisation n’est pas terminée. Elle ne le sera pas tant que les Amérindiens ne seront pas traités sur un pied d’égalité avec les autres citoyens et citoyennes des pays où ils vivent.

Conclusion

Ces Légendes iroquoises sont une merveille à lire et à regarder. Les légendes, avec leurs textes courts, limpides et illustrés, sont accessibles à un très jeune public, de même que les poèmes et la présentation de l’écriture pictographique. Les uns comme les autres feraient de belles ressources pédagogiques pour faire découvrir la culture iroquoise au-delà des clichés des westerns, où qu’on se trouve dans le monde. Les préfaces et la notice consacrée à Tehanetorens, quant à elles, semblent davantage destinées à un lectorat adulte et constituent une mine d’informations sur l’histoire et les luttes des Iroquois. Elles m’ont rendu extrêmement curieux d’en apprendre davantage sur ces sujets.

Dans le même genre, je peux vous conseiller plusieurs autres livres. Il y a quelques années, j’avais été marqué par la lecture du Fripon divin de C. G. Jung, C. Kerényi et P. Radin, consacré aux mythes des Winnebagos, autre peuple d’Amérique du Nord. Ces mythes, déroutants et réjouissants, valent la lecture. Les interprétations proposées dans le même ouvrage ont plus ou moins bien vieilli. J’en parle en détail dans ce billet.

William Camus, autre écrivain iroquois (son nom iroquois est Ka-Be-Mub-Be), a publié plusieurs recueils de contes amérindiens recueillis et traduits par lui (ainsi que d’autres livres variés, notamment des romans de science-fiction). Le seul que j’ai lu pour l’instant est Légendes de la Vieille-Amérique, paru chez Bordas en 1979 et réédité en 1996 chez Pocket junior dans la collection « Mythologies ». J’ignore s’il est encore disponible en neuf, mais il doit pouvoir se trouver d’occasion. Le recueil rassemble des contes et légendes de peuples amérindiens très variés : Menomini, Navajo, Oglala, Cheyenne, Zuni, Hopi, Chippeway, Wishita, Athabaska, Kato, Fox et Iroquois, ces derniers étant représentés par le conte « Le vieillard atteint de toutes les maladies », qui est une autre version de la légende de l’invention de la médecine relatée sous le titre « Le don du Grand Esprit » dans Légendes iroquoises. Ces Légendes de la Vieille-Amérique sont un trésor qui mérite amplement une réédition.

Sur les Premières Nations au sens plus large, je ne peux que vous conseiller (je n’ose dire « chaudement ») le récit Kamik, plus connu sous le titre Chasseur au harpon, de l’écrivain inuit Markoosie Patsauq, dont je parlais il y a quelques semaines dans cet autre billet.

Parmi les écrivains de culture amérindienne encore actifs aujourd’hui, j’ai entendu parler de l’écrivaine et musicienne Joy Harjo, américaine et creek, couronnée en 2019 « Poet Laureate » (poétesse lauréate), la plus haute distinction que puisse recevoir un poète dans le monde anglo-saxon. Son autobiographie poétique, Crazy Brave, relate son enfance et son parcours et le peu que j’en ai grignoté est plus que prometteur.

Je n’ai pas encore lu d’ouvrages d’histoire ou d’anthropologie consacrés aux Amérindiens, mais cette lecture m’a donné envie d’en lire.


Markoosie Patsauq, « Kamik. Chasseur au harpon »

3 janvier 2022

Référence : Markoosie Patsauq, Kamik. Chasseur au harpon, texte établi et traduit de l’inuktikut par Valerie Henitiuk et Marc-Antoine Mahieu, La-Roche-sur-Yon, Dépaysage, 2020 (première édition : ᐊᖑᓇᓱᑦᑎᐅᑉ ᓇᐅᒃᑯᑎᖓ, Uumajursiutik unaatuinnamut, Canada, 1968).

Quatrième de couverture de l’éditeur

« Quelque part au nord du monde. Le froid, la faim. Un campement attaqué, des chiens éventrés. Un ours devenu fou. L’expédition punitive tourne mal, le sang rougit la banquise. Un jeune chasseur armé d’un simple harpon se retrouve seul à suivre les traces du redoutable carnassier. Mais en vérité, qui traque qui ?

Rédigé dans une langue sobre, d’une rare intensité, Kamik est l’histoire cruelle de cette chasse au long cours, à la fois haletant récit d’aventures et quête initiatique. C’est aussi le tout premier roman publié par un Inuit du Canada, un geste d’une portée historique et sociale considérable. Traduit fidèlement depuis l’inuktitut, Kamik est un classique de la littérature autochtone nord-américaine.

Markoosie Patsauq est un écrivain inuit du Canada, né en 1941 dans la toundra près d’Inukjuak (Nunavik), au sein d’une famille semi-nomade, à une époque où le mode de vie traditionnel est encore possible. Il devient pilote d’avion, se fait connaître dans le monde entier par ses textes de fiction et ses autres écrits, puis joue un rôle politique en tant que leader communautaire. Il est décédé en mars 2020.

Le texte original, en inuktitut, a été établi puis traduit par Valerie Henitiuk (université Concordia à Edmonton) et Marc-Antoine Mahieu (Inalco).

La préface, le cadrage critique et le mot de l’auteur ont été traduits de l’anglais au français par Charles Gounouf.

Les illustrations des première et quatrième de couverture sont l’œuvre de l’artiste Olivier Mazoué. »

Mon avis

Si, comme moi, vous ne connaissez rien à la littérature inuit contemporaine et que vous avez envie de la découvrir, Le Chasseur au harpon de Markoosie Patsauq est un grand classique. Cette réédition a l’avantage de former une traduction plus fidèle à l’original et d’être présenté par des spécialistes de ce domaine, le tout joliment présenté dans un format pratique (plus grand que du poche, mais légèrement plus petit que du A5). J’ai découvert au passage les éditions Dépaysage, dont les publications, liées aux cultures autochtones et à l’anthropologie, ont l’air diablement intéressantes. Bref, j’ai acheté le livre en confiance, et j’y ai trouvé tout ce que j’y cherchais : une bonne remise en contexte, une présentation de l’auteur et par l’auteur (puisqu’un mot de l’auteur figure en tête du livre) et le récit lui-même. Pas de scories de style ni de fautes d’orthographe. La mise en page est claire, la reliure solide. Naturellement, je ne suis pas en position de donner un avis sur la traduction depuis l’inuktikut, mais, pour tout ce dont je peux juger, c’est une édition de qualité. La seule chose que je n’ai pas bien comprise, c’est la raison qui a poussé le traducteur ou l’éditeur à ne faire figurer en couverture que le titre Kamik alors que le titre original (comme l’indique l’introduction elle-même) semble être Le Chasseur au harpon ; mais ce n’est pas bien méchant.

J’avais découvert l’imaginaire inuit par des recueils de contes et de légendes, qui m’avaient frappé par leur aspect sombre. Les souffrances et la mort y figurent en bonne place… mais, réflexion faite, pas nécessairement plus que dans les mythes et légendes d’autres cultures géographiquement plus proches de mon pays, comme les mythologies grecque, romaine ou nordique. La dureté de certains thèmes abordés ressort simplement davantage lorsqu’on découvre l’histoire entièrement, plutôt que lorsqu’on y a été habitué peu à peu depuis l’enfance. Kamik, le Chasseur au harpon relate un destin qui, à mes yeux, pourrait être qualifié de tragique au sens que le théâtre grec donnait à ce mot, à cette différence que la notion de destin et les divinités n’y sont pas du tout convoquées. Nous ne voyons que des êtres humains aux prises avec un environnement âpre et à des passions humaines, dans un réalisme très terre-à-terre. Le premier auteur auquel je puisse penser pour vous donner une idée de l’ambiance de ce livre est Jack London, avec ses aventuriers livrés aux aléas des éléments et d’une faune sauvage. Mais la ressemblance a ses limites. D’abord, les personnages du Chasseur au harpon ne cherchent pas d’or ou de gloire : ils cherchent simplement à survivre, chez eux et dans les environs, et c’est en cherchant seulement à se nourrir au quotidien qu’ils encourent des périls mortels. Ensuite, on ne trouve pas, chez Kamik, les généralisations théoriques sur la survie du plus fort ou sur le retour à la vie sauvage qu’on croise abondamment dans les pages de L’Appel de la forêt.

Le style, surtout, s’avère très différent. Il donne l’impression d’un texte écrit par un auteur n’ayant aucune culture littéraire commune avec la plupart des auteurs actuels. C’est ce qui peut le rendre déroutant, mais c’est aussi ce qui fait son originalité et, dans une certaine mesure, sa force. Le Chasseur au harpon peut s’avérer une expérience de lecture déceptive et non pas décevante, c’est-à-dire qu’elle peut amener une déception chez quelqu’un qui ne pourrait ou ne voudrait pas surmonter la simplicité apparente de son style. Mais cette simplicité sert si bien l’intrigue, elle exprime si pleinement, en creux, la conception de la vie que l’auteur veut mettre en avant, qu’elle permet au récit d’atteindre à une épure impressionnante, qui m’a parfois rappelé certaines épopées.

Le Chasseur au harpon est un récit relativement court, quelque part entre la novella et le court roman. Ce format, ainsi que la limpidité de son style, en font une porte d’entrée commode dans la littérature inuite. Je ne connais pas encore d’autres auteurs inuits ou des peuples voisins des inuits, mais, dans le même genre, je peux vous recommander de vous intéresser aux contes et aux légendes inuites. Un bon ouvrage pour commencer, accessible à un jeune public autant qu’aux adultes, est Grand Nord. Récits légendaires inuit de Jacques Pasquet, paru aux éditions Hurtubise, collection « Atout », en 2004. Sous un format petit et pratique, il regroupe une douzaine de récits groupés en trois thèmes : le monde des origines, les liens entre les humains et le monde animal, et les liens avec le monde des esprits, les géants et les nains. Du côté du cinéma, même s’il ne s’agit apparemment pas d’un mythe « authentique » mais d’un scénario qui s’en inspire librement, je ne saurais trop vous recommander le petit bijou qu’est le film d’animation L’Enfant qui voulait être un ours, réalisé par Jannick Astrup en 2001. Les graphismes s’inspirent dans une certaine mesure des arts inuits, le scénario est bien ficelé et la musique a été composée par un Bruno Coulais en pleine forme.


Margaret Atwood, « The Penelopiad »

8 juillet 2019

Atwood-Penelopiad

Référence : Margaret Atwood, The Penelopiad, Edimbourgh, Canongate, collection « The Myths », 2005.

Quatrième de couverture (traduit par mes soins)

« Maintenant que tous les autres sont à bout de souffle, c’est à mon tour de raconter ma petite histoire. »

« Dans le récit d’Homère dans L’Odyssée, Pénélope – femme d’Ulysse et cousine de la belle Hélène de Troie – est représentée comme l’épouse fidèle par excellence, et son histoire comme une leçon salutaire à travers les âges. Laissée seule pendant vingt ans quand Ulysse part combattre dans la guerre de Troie après l’enlèvement d’Hélène, Pénélope parvient, face à des rumeurs scandaleuses, à préserver le royaume d’Ithaque, à élever son fils têtu et à tenir à distance une centaine de prétendants, simultanément. Quand Ulysse rentre enfin chez eux après avoir enduré des privations, combattu des monstres et dormi avec des déesses, il tue ses prétendants et – curieusement – douze de ses servantes.

Dans une splendide réinvention contemporaine du récit antique, Margaret Atwood a choisi de remettre le soin de la raconter à Pénélope et à ses douze servantes pendues, demandant : « Qu’est-ce qui a conduit à la pendaison des servantes, et quelles étaient vraiment les intentions de Pénélope ? » Dans la réécriture éblouissante et ludique signée par Atwood, l’histoire devient aussi pleine de sagesse et de compassion qu’elle est obsédante, et aussi férocement divertissante qu’elle est dérangeante. Avec esprit et verve, mettant à contribution l’art de conteuse et le talent poétique pour lequel elle est elle-même réputée, elle donne à Pénélope une nouvelle vie et une nouvelle réalité – et se met en devoir de fournir une réponse à un mystère antique. »

Mon avis

Quand on n’a pas encore lu Margaret Atwood, on connaît en général son nom grâce à son fameux roman de science-fiction La Servante écarlate (The Handmaid’s Tale), adapté depuis pour le grand et le petit écran. Il se trouve qu’en m’intéressant aux romans inspirés par la mythologie grecque, j’étais tombé, il y a déjà assez longtemps, sur un roman d’Atwood beaucoup moins connu : The Penelopiad (traduit en français par L’Odyssée de Pénélope), qui m’avait rendu curieux. J’ai fini par mettre la main dessus et c’est même le premier livre d’Atwood que je lis, n’ayant pas encore découvert La Servante écarlate.

Comme ma traduction du quatrième de couverture vous l’aura appris, The Penelopiad est en bonne partie une réécriture d’une épopée grecque antique, l’Odyssée, qui raconte le retour d’Ulysse dans son royaume d’Ithaque et la façon dont il parvient à reprendre le pouvoir en dépit de la centaine de prétendants au trône qui ont investi le palais et pressent Pénélope, sa femme, de se remarier à l’un d’eux. Réécrire cette épopée du point de vue de Pénélope est une idée qui m’a paru très originale la première fois que j’ai entendu parler du roman. Renseignements pris, Atwood est loin d’être la première à l’avoir eue : plusieurs écrivaines, notamment des poétesses, l’ont fait au cours de la seconde moitié du XXe siècle, souvent dans une perspective féministe. Atwood ajoute cependant une autre idée,  plus rare et extrêmement intéressante : mettre en scène douze servantes du palais d’Ulysse pendues par le héros à son retour pour s’être acoquinées avec les prétendants en son absence. Ces servantes forment une sorte de chœur très librement inspiré des chœurs tragiques, qui alternent de chapitre en chapitre avec le monologue de Pénélope.

Dans les chapitres qui lui donnent la parole, Pénélope parle depuis l’au-delà, non pas dans l’Antiquité mais de nos jours : elle a pu, comme les autres morts, observer l’évolution du monde depuis l’Antiquité. Le parti pris n’est pas nouveau (Lucien de Samosate l’employait déjà dans ses Dialogues des morts) mais il est habile et peut donner pas mal de choses. Atwood prend à fond le parti de la désacralisation du grand classique : sa Pénélope écorne à plaisir les réputations d’Ulysse et d’un certain nombre d’autres héros et héroïnes, en particulier Hélène. Les traits d’esprit acides (faisant parfois preuve d’autodérision) fusent assez régulièrement. Dans le même temps, ces chapitres adoptent un autre parti pris assez contradictoire : celui d’une fidélité scrupuleuse à la lettre de l’épopée antique, dont les événements se produisent à l’identique, tout comme ceux d’autres mythes non présents dans l’Odyssée mais mentionnés par le roman au passage (sur la jeunesse d’Hélène, par exemple).

Cette volonté de désacralisation est une ficelle toujours amusante, puisque le prestige de l’Odyssée en tant que classique de la littérature mondiale demeure et qu’on est habitués à en entendre parler sur un ton sérieux. Il est tout de même loin d’être nouveau et j’ai presque pitié pour ce malheureux Ulysse, qui s’en est pris plein la figure dès l’Antiquité (Lucien de Samosate, encore lui, en faisait le parangon des menteurs au début de ses drôlissimes Histoires vraies) et dans nombre de livres plus récents, de l’Ulysse de Joyce à la Naissance de l’Odyssée de Giono en passant par l’excellent film des frères Coen O’Brother (et on pourrait en citer beaucoup d’autres). Autant pour l’originalité, donc, mais le résultat pourrait être réussi quand même, à condition de montrer un minimum de profondeur de réflexion et de travail de style.

Sur ce plan, je dois dire que j’ai été assez déçu. L’humour et les traits d’esprit prêtés par l’écrivaine à Pénélope sont inégaux. Certains font mouche, d’autres tombent à plat faute de réel fond derrière le tapage un peu clinquant du discours de la reine défunte, à qui Atwood donne quelquefois des airs délibérés de commérage revanchard qui ne vole pas toujours bien haut (j’ai ainsi été surpris par le traitement du personnage d’Hélène, mais j’y reviendrai). Les parti pris stylistique n’améliorent pas les choses : le vocabulaire est d’une simplicité qui confine au simplisme, et le ton familier, occasionnellement vulgaire, sent la subversion superficielle. Si le livre reste dans les mémoires, ce ne sera pas grâce à ses belles phrases ou à ses pages d’anthologie. Pour ce livre, Atwood aurait des leçons à recevoir de Yourcenar en matière de sens de l’épure. Amateur de longue date des opérettes d’Offenbach, qui s’en est pris à la mythologie grecque à deux reprises en donnant lieu aux deux chefs-d’œuvre que sont Orphée aux Enfers et la Belle Hélène, j’ai regretté les livrets de ces opérettes, qui font bien mieux en matière de parodie pleine d’humour et d’esprit. Il faut bien dire qu’Atwood, dans ces chapitres, donne l’impression d’enfoncer ostensiblement des portes déjà ouvertes.

J’avais entendu parler d’Atwood comme d’une grande écrivaine féministe. Elle ne devait pas être dans son meilleur jour en écrivant The Penelopiad : le résultat m’a paru assez inégal. Certes, Pénélope lézarde son image d’épouse parfaite, incarnation des vertus domestiques. Mais, dans le même temps, Atwood ne semble pas être parvenue à se libérer de la lettre des événements de l’Odyssée. Râleuse ou pas, Pénélope reste l’épouse fidèle dépeinte par l’épopée, alors qu’on connaît d’autres variantes du mythe où elle se montre infidèle. D’autres écrivaines ont opté pour des réécritures plus radicales où une Pénélope devenue infidèle se justifie et contre-attaque en rejetant Ulysse. Réécrire ce portrait d’épouse fidèle en refondant complètement la psychologie de Pénélope reste un parti pris possible qui ne manque pas non plus d’intérêt. Mais Atwood manque une autre occasion d’innover qui m’a là encore réservé une mauvaise surprise et une déception : c’est son traitement du personnage d’Hélène. Hélène, la femme infidèle par excellence, donne lieu chez Atwood à un portrait en bimbo nymphomane et narcissique qui ne manque pas d’humour, ni de vraisemblance psychologique de la part d’une Pénélope aigrie à de nombreux égards (et, à vrai dire, jalouse). Mais cela ne va pas bien loin, pas assez loin à mon goût. De nombreuses pages au sujet de la relation entre Hélène et Pénélope relèvent plus de la parodie mythologique façon soap, amusante sur l’instant mais assez oubliable, que d’une réinvention dotée d’une réelle personnalité.

Faut-il jeter The Penelopiad ? Non, car mon avis est trop sévère. C’est celui d’un passionné de mythologie qui a lu de nombreux textes antiques et de nombreuses réécritures. Si vous connaissez déjà bien les mythes grecs et que vous avez lu plusieurs réécritures de l’Odyssée, le roman d’Atwood n’a pas grand-chose à vous apporter et vous pouvez passer votre chemin. Mais si (comme la plupart des gens) vous ne connaissez pas spécialement les mythes grecs et si vous ignorez tout de Pénélope en dehors des informations de base sur son rôle dans l’Odyssée, alors The Penelopiad peut vous plaire, vous renseigner et vous faire rire, sans être un chef-d’œuvre d’écriture littéraire.

C’est tout ? Non ! J’en viens à ce qui m’a le plus intéressé dans le livre : les chapitres sur les douze servantes. Comme je l’ai dit, ils émanent de l’idée la plus originale du roman et ce sont aussi les plus novateurs sur à peu près tous les plans, bien qu’eux aussi m’aient semblé inégaux. Ces chapitres qui donnent la parole aux servantes exécutées par Ulysse prennent beaucoup plus de distance par rapport à l’épopée antique : ils se déroulent à des époques variables, parfois indéterminées, dans des lieux divers, et prennent toutes sortes de formes, de la chanson enfantine à la scène de théâtre en passant par la lamentation ou la chanson de marins. Les personnages des servantes, dont on ne sait à peu près rien dans l’Odyssée, Atwood leur redonne une épaisseur, un passé fait de souffrances et de brimades, une voix tout aussi acide que celle de Pénélope mais beaucoup plus nuancée et subversive.

Le potentiel de ces chapitres crève les yeux : il aurait fallu jeter tout le reste du brouillon et partir de ceux-là pour en faire tout le livre. Ils m’ont d’ailleurs en partie déçu précisément parce que leur idée de départ a un tel potentiel. Ils sont d’une grande théâtralité. Le roman a été adapté au théâtre : c’était encore le mieux qu’on pouvait en faire et je serais très curieux de voir ce que cela a donné. Le propos social et la posture métafictionnelle des servantes ont quelque chose de très brechtien : il y avait de quoi faire une excellente pièce. Comme dans les chapitres où Pénélope parle, la bonne idée retombe parfois à plat faute de réelle subversion ou d’une écriture suffisamment travaillée. Les chansons des servantes ne vont pas chercher bien loin à mes yeux : Atwood use (ce qui est bien) et abuse (c’est moins bien) du registre familier et enfantin dans son vocabulaire, sans aboutir à des résultats très intéressants en termes de sonorités, de rythme ou d’images. Mais cette moitié en pointillés du livre reste à mon sens la plus stimulante, et il en émerge, vers la fin, un chapitre excellent : le chapitre 26, « The Chorus Line : The Trial of Odysseus, as Videotaped by the Maids », une scène de théâtre aux allures de pièce en miniature. Ulysse y est jugé pour le meurtre des prétendants de Pénélope et il est sur le point de bénéficier d’un non-lieu quand les douze servantes font irruption dans la salle et l’accusent de les avoir assassinées, bouleversant le procès. C’est dense, c’est intelligent, c’est bien envoyé, ça traite tout un tas de questions sur l’épopée et sa postérité en peu de pages et j’y ai enfin trouvé du vrai féminisme littéraire en pleine forme.

L’approche adoptée par Atwood envers la mythologie grecque m’a paru osciller, en gros, entre une réécriture d’antiquisante, qui aurait consisté à se contenter de reprendre le dossier antique de l’Odyssée et de la société grecque antique pour relater les événements de l’épopée du point de vue de Pénélope, et une réécriture d’inspiration exclusivement contemporaine, qui se serait contentée de reprendre très librement les noms des personnages et le gros du canevas narratif pour produire un récit largement affranchi de sa source d’inspiration première. Atwood a essayé de faire les deux à la fois. De là cette Pénélope qui parle depuis les Enfers, mais de nos jours, mais se contente de raconter sa vie antique en dehors d’une ou deux allusions à Internet ou au tourisme qui font rire quelques secondes mais n’exploitent pas à fond toutes les possibilités offertes par le regard unique d’une héroïne grecque antique qui comparerait le monde qu’elle a connu au monde actuel. De là, aussi, ces douze servantes qui n’ont droit qu’à un chapitre sur deux et déploient une voix à la poésie très contemporaine, mais insuffisamment travaillée ou développée, parce qu’il y avait les autres chapitres à faire et qu’ils les interrompent une fois sur deux. Dommage. À mes yeux c’est un échec, mais un échec qui reste intéressant à lire.

J’ai été plus gêné, en revanche, devant le manque de documentation manifeste qui a présidé à l’écriture de ce livre. Atwood donne quelques explications sur sa documentation dans les « Notes » à la fin du volume. La malheureuse s’est appuyée en grande partie sur The Greek Myths de Robert Graves, un ouvrage d’études mythologiques complètement obsolète aujourd’hui, et qui ne devait déjà pas compter parmi les meilleurs de son temps à sa parution en 1955. Le problème apparaît pleinement au chapitre 24 « The Chorus Line : The Anthropology Lecture », où Atwood place dans la bouche des douze servantes une théorie apparemment empruntée à Graves, qui mélange un peu tout, la numérologie, les cycles lunaires, un brin de théorie du bouc émissaire à la René Girard, la déesse-mère, les Minoens, etc. C’est terriblement daté en termes d’histoire des religions, c’est sans doute aussi assez mal résumé, et même dans le cadre d’un roman à la construction volontairement disparate, ça paraît en décalage avec le reste.

Hélas, hélas, Margaret Atwood ! Qu’aurais-je pensé si j’avais lu The Penelopiad avant Lavinia d’Ursula Le Guin ? Sans doute pas du bien de ce chapitre, certes, et j’aurais quand même davantage été convaincu par le livre de Le Guin. Trois ans séparent la parution de The Penelopiad en 2005 de celle de Lavinia de Le Guin en 2008, magistrale réécriture de l’Énéide du point de vue d’un personnage féminin (beaucoup moins célèbre que Pénélope, cette fois-ci). Le Guin avait-elle lu The Penelopiad ? Le fait est qu’à mes yeux de lecteur ayant lu les deux romans, Lavinia peut être lu après coup comme une sorte de réponse à The Pénelopiad, et le moins qu’on puisse dire est que Le Guin fait mieux pour tout ce qui concerne tant la restitution que l’analyse et le commentaire d’une société antique et de sa religion ou encore la place qu’y trouvent les femmes. Comme la Pénélope d’Atwood, la Lavinia de Le Guin parle depuis les Enfers, mais Le Guin livre un propos beaucoup plus fouillé que quelques mots d’esprit amusants sur le tourisme en Grèce, et l’aspect métafictionnel de son livre me paraît, dans son propre genre très différent, arborer davantage de subtilité, de maturité et de maîtrise dans l’écriture.

Conclusion

Il y avait si longtemps que ce titre de The Penelopiad me faisait rêver, que j’en attendais sans doute trop. L’ombre du Lavinia de Le Guin planait peut-être encore excessivement sur ma lecture d’Atwood. Il va sans dire que ce n’est qu’un livre parmi d’autres de cette auteure, et que je compte bien lire quand même La Servante écarlate à l’occasion. J’ai gardé de The Penelopiad le sentiment persistant que le livre avait manqué de temps pour mûrir encore. Je me suis alors renseigné sur le contexte de son écriture. The Penelopiad est un roman de commande écrit pour le lancement d’une nouvelle collection chez l’éditeur britannique Canongate Books. D’abord partie pour réécrire un mythe amérindien, Atwood a rencontré des difficultés dans l’écriture de son livre et a fini par se tourner vers la figure de Pénélope. Je ne peux pas m’empêcher de penser que le résultat aurait été meilleur si Atwood n’avait pas été contrainte par une date-butoir et avait pu prendre le temps de travailler son livre avant de le remettre à l’éditeur.

En dépit de mes nombreuses réserves, The Penelopiad est loin d’être entièrement mauvais et reste très recommandable pour qui n’a pas ou peu lu de réécritures de mythes. Il risque surtout de décevoir les gens qui ont déjà lu d’autres réécritures, ou qui cherchent un chef-d’œuvre à la hauteur de la Naissance de l’Odyssée de Giono ou du Lavinia de Le Guin.

Dans le même genre

J’ai déjà dit tout le bien que je pensais de Lavinia d’Ursula Le Guin. Qu’y a-t-il d’autre en matière de réécritures mythologiques consacrées à des personnages féminins ? Parmi les parutions récentes, il y a Circé de Madeline Miller (qui s’était lancée dans l’écriture avec Le Chant d’Achille, consacré au héros de l’Iliade). Je ne l’ai pas encore lu, je ne sais pas ce qu’il vaut. Du côté de la bande dessinée, en revanche, j’ai énormément apprécié Médée de Nancy Peña et Blandine Le Callet, qui, en quatre tomes, relate la vie de Médée racontée par elle-même, dans une série au scénario très fouillé mais aussi accessible que son dessin en ligne claire.