200 billets sur « Les Festins de Pierre »

Bonjour tout le monde ! Le précédent billet, sur L’Autre Monde de Florence Magnin et Rodolphe, était le deux-centième billet que j’ai publié sur ce blog. D’ailleurs, créé en juillet 2012, Les Festins de Pierre va sur ses dix ans. Je suis ravi qu’il dure autant. Je prends beaucoup de plaisir à l’utiliser pour attirer (à ma modeste échelle) l’attention de l’Internet francophone sur des œuvres que j’ai appréciées, ou, plus généralement, sur lesquelles j’ai quelque chose à dire. Des livres, en majorité, mais cela inclut des bandes dessinées, et aussi, dans une moindre mesure, des films (d’animation ou en prises de vue réelles). De grands classiques (comme l’épopée de Gilgamesh, l’Iliade, l’Odyssée, l’Enéide ou l’Edda), mais aussi de la littérature française et francophone, des romans étrangers, des recueils de nouvelles et de poèmes, quelques essais. Des œuvres d’hommes, mais aussi de femmes, avec autant d’équilibre que je le peux depuis que je me suis aperçu que je privilégiais inconsciemment les premiers sur les deuxièmes.

Le public du blog

Bien que je préfère nettement consacrer chaque billet du blog à une œuvre, on me pardonnera si, après dix ans, je prends un peu de temps pour m’interroger sur vous – le public du blog – en regardant un peu les statistiques fournies par WordPress et en y ajoutant quelques indications amusantes de mon cru.

Combien de gens visitent le blog ? Depuis sa création, WordPress a recensé 39 579 visiteurs ou visiteuses uniques venus sur le blog, à raison d’entre 3000 et un peu plus de 4000 par an en moyenne. Le blog a été plus visité que d’habitude l’an dernier, avec 6450 visiteurs/visiteuses uniques. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Il se peut que ce doit dû au fait que j’ai publié des billets en juillet-août, alors que je m’accorde en général une petite pause, mais le trafic étant très peu élevé pendant ces deux mois, je ne sais pas si cela a beaucoup joué.

En dehors de l’an passé, la fréquentation du blog semble avoir fluctué de manière assez peu corrélée au nombre de billets que j’y ai publiés. Avant 2018, il m’est arrivé de publier moins de 5 billets (en 2014 et 2015) ou même aucun (en 2016), tandis qu’à partir de 2018 j’en ai publié au moins 25 chaque année, sans que la fréquentation n’explose. Conclusion ? Je n’en sais rien, mais cela provient sans doute plus de WordPress que de mon activité. Il faut dire qu’en dehors de la publication de billets et d’un relai occasionnel sur des réseaux sociaux ou des forums, je ne me suis pas beaucoup fatigué à tenter de faire grimper les chiffres (je ne cherche pas la gloire et je ne gagne pas non plus d’argent avec ce blog).

N’étant nullement spécialiste en matière de statistiques de fréquentation, je serais bien incapable de remettre tous ces chiffres dans un contexte quelconque. Une chose est sûre : par rapport à l’ambition de ce blog, cela fait du monde. Donc : bonjour et merci !

D’où viennent les internautes ? La majorité des internautes qui visitent ce blog le consulte depuis la France. Parmi les autres pays qui viennent immédiatement après, dans un ordre variable selon les années, figurent les Etats-Unis, le Canada et la Côte d’Ivoire. Un peu plus loin dans le classement figurent d’autres pays de la francophonie, comme le Sénégal, la Belgique et la Suisse. Rétrospectivement, je ne suis pas mécontent d’avoir évoqué au fil des années des classiques de la littérature africaine comme l’épopée de Soundiata dans différentes versions (le premier en date dont j’ai parlé est aussi la version la plus connue, Soundjata ou l’épopée mandingue où Djibril Tamsir Niane transcrit le récit oral de Mamadou Kouyaté ; mais j’ai un amour particulier pour la version de Youssouf Tata Cissé et Wa Kamissoko, La Grande Geste du Mali, et j’ai plus tard évoqué une version pour la jeunesse écrite par l’africaniste belge Lilyan Kesteloot, Soundiata, l’enfant lion), ainsi que la littérature canadienne que je découvre tout doucement (Elisabeth Vonarburg, mais aussi la littérature des Premières Nations avec les légendes iroquoises de Tehanetorens et le premier roman inuit, écrit par Markoosie Patsauq). La bibliothèque du blog reste cependant bien démunie en matière d’oeuvres belges (essentiellement des films d’animation co-produits dans ce pays) et déserte en matière de littérature suisses. Des lacunes à combler à l’avenir !

Quels ont été les billets les plus lus ? Ce bilan étant en partie un prétexte pour passer en revue quelques anciens billets, voici un palmarès par année avant le palmarès toutes années confondues.

  • De 2013, année de création du blog, jusqu’à 2020, la page la plus consultée du blog a été tout simplement sa page d’accueil. Hormis elle, les trois billets les plus lus ont été : Soundjata ou l’épopée mandingue de Djibril Tamsir Niane ; L’Enfant et la rivière d’Henri Bosco ; et le Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire.
  • En 2014 et 2015, Soundjata ou l’épopée mandingue restait en tête, suivi par Voyage au centre de la Terre de Jules Verne et Le Livre des héros. Légendes sur les Nartes, des légendes ossètes publiées par Georges Dumézil.
  • En 2016, Soundjata restait indétrôné, mais Jules Verne a été relégué à la troisième place par un nouveau venu, Bartolomé de Las Casas, avec sa Très brève relation de la destruction des Indes.
  • En 2017, Las Casas caracolait en tête du classement, tandis que Soundjata se contentait de la deuxième place. La troisième était occupée par mon billet plein de reproches sur L’Enfant de Troie, roman jeunesse de Gilbert Sinoué.
  • En 2018, c’est une anthologie parascolaire, Rêver le progrès. 5 nouvelles d’anticipation, dirigée par Fabien Clavel et Isabelle Périer, qui a été la plus consultée.
  • En 2019, peu de changements, puisque Soundjata est repassé devant Las Casas en deuxième place.
  • En 2020, Soundjata est éclipsé du trio de tête au profit de Jack London qui a pris la troisième place avec son court roman de science-fiction post-apocalyptique récemment réédité, La Peste écarlate.
  • 2021 a été la première année où la première page la plus consultée du blog n’a plus été sa page d’accueil, mais le billet sur la Très brève relation de la destruction des Indes, suivi par Rêver le progrès.

Parmi les autres billets les plus consultés au fil des années figurent Le Royaume de ce monde, roman de l’écrivain cubain Alejo Carpentier ; le recueil de nouvelles fantastiques d’Angela Carter The Bloody Chamber ; et, l’an dernier, le recueil de poèmes Rythmes d’Andrée Chedid.

Toutes années confondues, les pages les plus consultées sont : 1. la page d’accueil (plus de 23 000 vues), 2. Rêver le progrès. 5 nouvelles d’anticipation (5300 vues) 3. Très brève relation de la destruction des Indes (4900 vues) 4. Soundjata ou l’épopée mandingue (3200 vues) 5. Rythmes (1400 vues) 6. Voyage au centre de la Terre (1200 vues) 7. Le Royaume de ce monde (1200 vues) 8. Le Partage des eaux, autre roman d’Alejo Carpentier (1000 vues) 9. Le Livre des héros. Légendes sur les Nartes (800 vues) 10. La Peste écarlate (700 vues) 11. L’Enfant et la rivière (700 vues)

Je serais bien incapable de tirer la moindre conclusion de ces statistiques. Plusieurs semblent refléter le statut de classique de livres comme Soundjata ou l’épopée mandingue, Voyage au centre de la Terre ou Le Royaume de ce monde. D’autres peuvent être le résultat de nombreuses recherches de familles ou d’élèves pour des achats scolaires (Rêver le progrès). Certaines me restent incompréhensibles mais me réjouissent, comme le succès du billet consacré à Bartolomé de Las Casas ou de Rythmes d’Andrée Chedid. Le succès d’Andrée Chedid est d’autant plus foudroyant que le billet sur Rythmes ne remonte qu’à septembre 2020, alors que plusieurs autres billets à succès ont eu le temps d’accumuler des vues, comme Soundjata paru dès 2013 ou le livre de Las Casas dont j’ai parlé en 2016.

Quels ont été les billets les moins lus ? Le billet le moins consulté (1 vue à l’heure où j’écris) a été Retour sur… Centurion de Neil Marshall, qui avait beaucoup de facteurs contre lui, dont le fait d’être consacré à un péplum peu connu, d’être un second billet (j’avais déjà parlé de ce film en 2012) et surtout d’être paru l’été dernier en pleines grandes vacances, la période de l’année où le blog est le moins consulté. Le deuxième billet le moins consulté (2 vues) est celui consacré à Pèlerinage, le recueil de nouvelles de science-fiction de Sylvie Denis, ce qui est plus injuste dans la mesure où, sans m’avoir enthousiasmé, c’est un recueil qui vaut le détour. Enfin, le troisième le moins consulté est consacré à Avatar, le blockbuster de SF de James Cameron, que je ne défendrai pas ici tant le pseudo-écologisme, le pseudo-anti-colonialisme, la pseudo-originalité, la prétention et l’absence de vrai scénario de ce Pocahontas dans l’espace m’avaient agacé à l’époque. Hélas, il a eu du succès et il se peut que les gens n’aient pas lu le billet parce qu’ils avaient tous déjà vu le film.

Pourquoi les gens lisent-ils ces billets ? Mystère. Je n’ai aucun moyen de savoir ce qui pousse les gens à consulter tel billet plutôt que tel autre. Hasard des moteurs de recherche ? Tendances que j’ignore ? Tout ce que je peux constater, c’est que plusieurs billets parmi les plus consultes correspondent à des ouvrages lus ou étudiés en classe, soit en France, soit en Afrique francophone (Soundjata ou l’épopée mandingue). Je m’en réjouis. Ma seule crainte est que mes billets ne soient consultés dans l’espoir de trichoter pour un devoir à faire à la maison plutôt que de lire le livre proprement dit. Par chance, mes billets restent assez peu précis et trop subjectifs pour être utiles à grand-chose. Si des professeurs outrés passent par ici, sachez que je n’écris pas ces billets pour qu’ils servent d’antisèches !

Le billet sur l’oeuvre littéraire la plus ancienne : L’épopée de Gilgamesh, la plus ancienne oeuvre littéraire connue qui nous soit parvenue à peu près en entier.

Un billet peu consulté sur un livre que je vous conseille : Serpentine de Mélanie Fazi, le premier recueil de la maîtresse française de la nouvelle fantastique, avec son univers très contemporain et pourtant hanté par les mythes et les légendes. Plusieurs autres livres après, Serpentine reste un beau moyen de découvrir son univers. Le livre mériterait d’ailleurs un second billet plus étoffé, celui-ci, paru en juillet 2012 aux tout débuts du blog, étant bien court et léger par rapport à mes standards actuels.

Un billet peu consulté sur une BD que je vous conseille : Un papa, une maman, une famille formidable (la mienne !) de Florence Cestac. Sous ses allures de potacherie à gros nez, le dessin de Cestac cache un peu son jeu, mais révèle à la lecture une évocation nuancée et profondément émouvante de son enfance au sein d’une famille aisée typique de la France des Trente Glorieuses, avec ses origines modestes, son confort matériel… et son sexisme ordinaire crasse.

Un billet peu consulté sur un film que je vous conseille : Le Congrès d’Ari Folman. Ce film d’animation de science-fiction, librement adapté du roman Le Congrès de futurologie de Stanislas Lem, par Ari Folman, qui s’était fait connaître en réalisant Valse avec Bachir, forme une évocation à la fois psychédélique et d’une vraisemblance troublante sur les excès d’un avenir possible où l’humanité se drogue pour accéder à une réalité virtuelle, sous l’influence d’un patron d’entreprise qui rappelle furieusement Steve Jobs (mais Zuckerberg n’est pas loin : rétrospectivement, son « métaverse » est-il si éloigné de l’univers du film ?).

Un changement de rythme

Je mène de front mon métier et plusieurs activités créatives. Depuis 2018, j’avais adopté un rythme de parution d’un billet tous les quinze jours. Ces derniers temps, faute d’avoir pu maintenir mon avance, j’ai fréquemment dû publier mes billets à la dernière minute, ce qui a quelque peu nui au plaisir que je prends à bloguer ici. Comme j’opte toujours pour des billets un peu approfondis, plutôt que pour des critiques rapides et superficielles, rédiger un billet me prend un temps et une énergie non négligeables, surtout lorsque je m’attaque à un classique ou que je tiens à profiter de l’occasion pour présenter un ou une artiste ou un genre fictionnel auquel je suis attaché.

De ce fait, ce blog a parfois fini par me causer de la fatigue, et je veux pas m’user. Je profite donc de l’accomplissement qu’est ce chiffre vaguement symbolique de 200 billets sur le blog pour ralentir le rythme. Au lieu d’un billet tous les quinze jours, rythme qui devient difficilement tenable pour moi, je tâcherai de publier environ un billet par mois, peut-être plus si j’en trouve le temps et l’envie, mais sans garantie, l’essentiel pour moi étant de pouvoir continuer à proposer des présentations un peu nuancées et approfondies des livres, BD et films dont je parle sur Les Festins… Pour patienter entre les billets neufs, je ne peux que vous conseiller de faire un tour sur la bibliothèque pour écumer les œuvres déjà présentes sur les étagères de ce site !

1 Responses to 200 billets sur « Les Festins de Pierre »

  1. Thierry Chevrier dit :

    Pour finir sur le poète au sujet duquel je vous ai écrit par ailleurs ce matin, et puisque la problématique du temps et de l’usage que l’on en fait (ou qu’il fait de nous…) est centrale dans ce billet, ce sonnet de lui, que vous saurez je pense apprécier :

    Si peu d’œuvres pour tant de fatigue et d’ennui !
    De stériles soucis notre journée est pleine :
    Leur meute sans pitié nous chasse à perdre haleine,
    Nous pousse, nous dévore, et l’heure utile a fui…

    « Demain ! J’irai demain voir ce pauvre chez lui,
    « Demain je reprendrai ce livre ouvert à peine,
    « Demain je te dirai, mon âme, où je te mène,
    « Demain je serai juste et fort… pas aujourd’hui. »

    Aujourd’hui, que de soins, de pas et de visites !
    Oh ! L’implacable essaim des devoirs parasites
    Qui pullulent autour de nos tasses de thé !

    Ainsi chôment le cœur, la pensée et le livre,
    Et, pendant qu’on se tue à différer de vivre,
    Le vrai devoir dans l’ombre attend la volonté.

    René-François Sully Prudhomme, Les vaines tendresses

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